Aidez-moi à ne plus avoir d’émotions ! Je ne veux plus réagir comme cela ni avec ma famille, ni avec mes amis, ni au travail.
Qui en tant que praticien (thérapeute, coach, analyste.) n’a jamais entendu cette demande ?
Les émotions s’invitent dans toutes les séances pour la simple et bonne raison qu’elles nous concernent toutes et tous ! Et les réactions associées à ces émotions peuvent nous conduire à des situations embarrassantes dont voici quelques exemples non exhaustifs de la vie courante :
- Le P-DG, manager stressé (inquiétude sur le CA, perte d’un client, difficulté dans la gestion du temps, rentabilité, turn over…) qui risque de s’emporter plus facilement sur ses équipes.
- Le collaborateur traversant une crise identitaire, démotivé sur son lieu de travail, en quête de changement professionnel (subi ou souhaité : promotion, retraite, licenciement)
- La femme qui s’occupe de son foyer, épuisée par la gestion des enfants, du quotidien familial
- Le jeune adolescent soumis à la pression constante de la réussite scolaire, stressé à l’approche des examens ou quant à son orientation future.
- Le jeune enfant frustré qui pique une colère au supermarché répondant à ses pulsions difficilement maîtrisables…
Mais alors, que sont nos émotions et comment fonctionnent-elles sur nous ?
L’être Humain est un tout !
Les émotions telles qu’elles sont, positives ou négatives, que nous vivons ont une répercussion sur notre santé physique.
Une émotion est biologique et ne dure que quelques secondes ou minutes au maximum. Les sentiments sont plutôt de l’ordre du mental, ils auront une durée beaucoup plus longue.
Une émotion peut, qu’elle soit négative ou positive, déséquilibrer ou rééquilibrer tout notre organisme.
Nos émotions prennent leur source dans la partie du cerveau (dans le cerveau limbique) où se situe la mémoire émotionnelle. Les émotions sont ensuite dirigées par l’amygdale et se diffusent à travers notre corps par la voie nerveuse, provoquant au passage des perturbations de sécrétions hormonales qui viennent altérer ou réguler le fonctionnement de nos organes puis provoquer des problèmes physiques.
Exemple : Si la réponse à l’émotion que je ressens, à savoir « avoir peur » est oui, l’amygdale réagit immédiatement et transmet l’alerte aux autres parties du cerveau qui vont réagir à leur tour, commandant des contractions musculaires, des modifications du système cardiaque, hormonal, etc.
Nos pensées et nos émotions négatives créeront un désordre et des blocages sur le plan énergétique et dans notre système nerveux. A l’inverse, de bonnes pensées et des émotions positives permettent d’avoir une bonne énergie qui circule dans notre corps et dans notre système nerveux, ce qui permettra d’être en harmonie et favorisera une bonne santé.
En séances, travailler ses émotions est incontournable, voire indispensable !
Car, nous ne le savons pas toujours mais, la plupart de nos conflits avec nous-mêmes puis avec les autres vient du fait que l’on n’a pas appris à gérer nos émotions. Elles sont pourtant des alliées précieuses qui nous permettent de comprendre nos mécanismes de fonctionnement, nos blocages et résistances. Les appréhender permet de lever tous les freins et de partir à la conquête de soi !
« N’aie pas peur », « arrête de pleurer », « tais-toi », «ne montre pas ce que tu ressens » ; Nous l’avons tous entendu … Ces émotions que l’on nous a interdit d’exprimer en public, voire de ressentir sous prétexte que cela ne se faisait pas ! Il n’y a pas si longtemps, la culture prédominante était que l’on ne devait pas montrer ses émotions, ni ses sentiments ! Notre éducation socio-culturelle (bien qu’il ne faille pas généraliser) était plutôt du genre : « sois fort » « ne montre rien » « ça ne se fait pas », « dépêche-toi ».
Ce qui fait que bien souvent, nous avons grandi et avons été complètement déconnectés de nos émotions… Qui sont devenues des croyances limitantes (voir dossier sur les croyances) ; peu importe que l’on soit un homme, une femme, peu importe son âge, sa condition, son rôle, son activité.
En quelques séances, travailler essentiellement sur cette gestion émotionnelle & relationnelle va permettre de mieux se connaître, de comprendre ses réactions, de les réguler en conséquence, d’avoir au quotidien des comportements adaptés et maitrisés menant à un apaisement et à la joie souvent reléguée au second plan.
LA GESTION DES ÉMOTIONS : difficile de les esquiver !
Concrètement : comment cela se passe ?!
Accueillir l’émotion ne veut pas dire l’éviter, ne pas faire comme si c’était tout à fait normal :
Premièrement, il faut être là, l’accueillir.
Le fait d’être simplement présent, c’est déjà acter que l’émotion est recevable. On l’a vu, toutes les émotions sont acceptables et légitimes mais ce sont les réactions qui elles, ne le sont pas, acceptables.
Deuxièmement, questionner l’émotion. Amener le patient à la verbaliser, mettre un mot sur celle-ci.
Il y a 4 grandes familles : la joie, la colère, la peur et la tristesse. Auxquelles peuvent s’ajouter beaucoup d’autres émotions : la honte, le dégoût, le mépris. Nous allons alors les questionner :
« Eprouvez-vous quelque chose » ? « Etes-vous sous le coup de l’émotion » ?
Si vous deviez la nommer, diriez-vous que … ? Et si c’était de la colère ? Que diriez-vous ? Que ressentez-vous ? « Je suis mal à l’aise, j’ai le cœur qui bat vite, j’ai du mal à verbaliser ».
Gardons en mémoire qu’une émotion réprimée, non exprimée ressort avec plus de violence la fois suivante ; d’où l’importance d’amener le patient à la nommer, à la décrire.
Dès lors que l’on détecte une émotion, que le client l’a exprimée, c’est déjà bénéfique.
Finalement on parle de maîtrise et de gestion des émotions, mais peut-on réellement les maîtriser ? Ne serait-ce pas un abus de langage ?
« Je ne veux plus avoir d’émotions » peut-il être ? On le sait, l’émotion est nécessaire, sans émotions, je ne peux pas avoir de projets, sans émotions, je ne suis pas « humain ». L’émotion, elle existe avant même que j’en aie conscience. Elle est plus forte que mon mental : on se rend compte qu’il y a un conflit intérieur lorsque j’ai une force qui provient de mon émotion qui monte, à laquelle j’oppose une autre force, celle de mon mental qui veut la recouvrir et la camoufler ! et c’est souvent cette opposition, ce grand écart mental qui pose un problème et un mal être. Amener le patient à la verbaliser, à être d’accord : « oui je suis d’accord, oui je suis en colère oui je suis d’accord avec » … et bien cela provoque une forme de lâcher prise, dès lors qu’il y a verbalisation, accueil et « acceptation » ; les réactions associées sont convenablement maitrisées. C’est quand je n’accepte pas mon émotion qu’il y a problème.
Le travail en séances va donc être d’amener le patient à accueillir, accepter, entendre pour enfin être en accord avec elles.
Car, à chaque émotion correspond un besoin ; reprenons les 4 émotions de base.
Si j’ai peur ; de manière très simpliste, très triviale, quand je ressens cette peur alors de quoi ai-je besoin ? Finalement, j’ai besoin d’être rassuré.
Si je suis triste, de quoi ai-je besoin ? d’être consolé, d’être écouté, d’être réconforté. (Un client qui est triste, a besoin d’être consolé mais ça n’est pas nous, thérapeutes qui réconfortons…)
Si je suis en colère ; de quoi ai-je besoin ? D’exprimer ! J’ai besoin d’être respecté. La colère provient d’un sentiment d’injustice, celui d’obtenir réparation.
Si je suis joyeux alors de quoi ai-je besoin ? Simplement de partager…
Evidemment, comme si cela ne suffisait pas, d’autres émotions s’imposent à nous : Les émotions « rackett », les émotions « élastiques », l’émotion du « rire du pendu » … Ce sont toutes ces émotions qui en remplacent une autre !
C’est une expérience, une circonstance vécue dans le présent qui fait revivre une émotion forte du passé.
Et que dire des émotions du thérapeute alors ? C’est simple, il les accueille et fait le même travail, une belle gymnastique émotionnelle sans grand écart. Comprendre, accepter et réguler ses émotions permet de développer une intelligence relationnelle nouvelle, clé dans un monde en pleine mutation car prometteuse d’une société plus humaniste.