Transitions de vie, deuil et changement

Un changement, c’est un déménagement, un nouveau travail, la naissance d’un enfant, l’arrivée d’un nouveau supérieur hiérarchique, ou encore une séparation … Bref, le terme “changement” désigne une réalité concrète, objective. En revanche, le terme “transition” désigne une réalité psychologique, subjective. Il ne s’applique pas aux événements extérieurs, mais aux adaptations internes que ces événements impliquent. Un changement ne prend réellement que s’il est intégré par l’individu grâce à une transition. Or, notre société parle beaucoup de changement, mais rarement de transition ; ce qui est dommage car nos problèmes s’expliquent souvent par une transition ratée.

Beaucoup de changements échouent car on démarre par ce qu’ils ont de nouveau : la nouvelle maison, la nouvelle vie à deux et à trois avec l’arrivée d’un enfant, la nouvelle organisation, la nouvelle stratégie, la nouvelle implantation etc. Or, changer, c’est d’abord abandonner, laisser, renoncer. On sait depuis Elisabeth Kübler-Ross que le changement prend souvent la forme d’un deuil en tout cas dans les premiers moments ; deuil de ce qu’il faut abandonner : organisation, pratiques de travail, équipe, croyances, lieu…

Durant un changement, les personnes vont suivre une multitude de deuils, plus ou moins nombreux, plus ou moins profonds en fonction de l’ampleur de ce qu’elles doivent laisser. L’apport de William Bridges est d’avoir proposé un modèle de changement, simple, qui intègre ces données. Si tant de changements échouent, ou se passent dans la douleur, c’est qu’on ne démarre pas au bon endroit : au lieu de démarrer par ce qui est nouveau, il faut d’abord acter d’une fin. Passer d’un état à un autre est un processus en 3 étapes :

– la fin de l’ancienne phase dans laquelle se trouve l’individu, autrement dit le deuil d’une situation existante, qui a constitué le cadre d’action ou de référence principal de la personne,

– une zone neutre, la phase de transition proprement dite, espace-temps incertain, anxiogène, dans lequel la personne « flotte ». Elle a perdu ses anciens repères, et n’en a pas encore construit de nouveaux. Le délai de cette phase de transition va beaucoup dépendre de la qualité de l’accompagnement,

– enfin, le nouveau départ, permettant de rebondir et de reconstruire.

Toute transition passe par ces trois étapes. « Pour devenir autre chose, il faut d’abord cesser d’être ce que l’on est. Pour découvrir une nouvelle façon de faire, il faut d’abord renoncer à l’ancienne. Pour adopter une nouvelle attitude, il faut abandonner la précédente. » Il faut donc démarrer par la fin, et non par le début. Les gens prennent de nouveaux départs uniquement s’ils ont préalablement acté une fin et s’ils ont passé un certain temps dans la zone neutre.


Publié le

par