Les résistances aux changements

« La folie est de toujours se comporter de la même manière et de s’attendre à un résultat différent »

Edna Wolf

Le patient sait qu’il a un problème à résoudre. Il est volontaire, sincèrement volontaire. Mais il renâcle intérieurement (voire inconsciemment) devant le changement qui serait nécessaire pour arriver à ce qu’il veut vraiment. « Aidez-moi à ne pas changer ! » dit-il en fait au thérapeute. Cette résistance va se manifester sous diverses questions difficiles qu’il pose en séance ; elles traduisent la difficulté que le patient éprouve à changer.

C’est en changeant les croyances ancrées en soi que l’on change forcément d’attitude. On peut considérer le changement comme une menace et s’y opposer. Ou bien considérer la nouveauté comme une chance à saisir et donc y adhérer. C’est une simple question de choix. De nouvelles convictions n’induisent-elles pas de nouveaux comportements ?

En revoyant les erreurs commises, la plupart des individus en tirent de précieux enseignements qui servent pour l’avenir.

Le plus gros obstacle au changement ne se trouve-il pas en chacun de nous ? Les choses ne peuvent-elles pas s’améliorer lorsque l’on change soi-même ?

N’y a t’il pas en chacun de nous cette dualité du changement, ces deux intériorités qui s’affrontent : la partie « lumineuse » désireuse de changer et cette deuxième partie, plus « sombre » gouvernée par la peur et paralysante (parfois) ? Notons cependant que la peur a parfois du bon, notamment lorsqu’elle nous préserve du danger.

L’on se rend compte que la plupart de nos angoisses sont irrationnelles et peuvent empêcher de procéder rapidement aux ajustements nécessaires. Bien que l’on trouve le changement détestable sur le moment, reconnaissons que bien souvent celui-ci est en fait un cadeau déguisé, une formidable opportunité pour trouver un meilleur avenir ; une découverte de nouveaux talents.

Les dissonances cognitives sont également à l’origine de nos résistances. La phase de résistance va s’exprimer dans le déni. Le cycle étant le suivant : la sidération puis le déni, la colère et l’acceptation qui produit le changement. C’est cela que l’on appelle la phase de dissonance cognitive.

Ex : une personne part de chez elle le matin avec sa vision du monde, son système, ses valeurs, ses croyances et l’environnement ne correspond plus du tout au quotidien de la personne (ex déviation de route), il y a un changement dans l’environnement, c’est à ce moment-là que la vision du monde de cette personne n’arrive plus à coller avec sa réalité ; Cette personne rentre alors en phase de dissonance cognitive, elle n’a plus les capacités pour expliquer son environnement.

Résister au changement devient une façon de conserver ce qui a été acquis durant la période précédente. Les périodes inquiètes génèrent davantage de résistances au changement que les périodes optimistes. Des études montrent qu’un changement d’opinion consomme de l’énergie psychique. Le changement – de point de vue, de cadre de référence, d’opinion, etc. – représente une surconsommation psychique. La résistance au changement devient donc une façon d’économiser ses forces mentales. N’importe quelle discussion de comptoir ou de famille illustre le fait que nous cherchons plus souvent à protéger nos opinions qu’à véritablement écouter celles des autres, qui pourraient entraîner une modification des nôtres. La seconde option est plus « fatigante » . La résistance est le comportement adopté par un système lorsqu’il se sent remis en cause. Le corps humain résiste au changement de température externe en transpirant (lorsqu’il fait chaud) ou en réclamant des vêtements supplémentaires (dans le cas contraire). Une société se défend lorsqu’elle se sent agressée : grève, bouc émissaire, révolte, etc.

Ce principe, appelé « homéostasie », montre que, loin d’être le conservatisme dénoncé par la vision morale, la résistance est un principe plutôt sain de défense et de survie.

Nous avons tendance dans notre vision occidentale à envisager les résistances, les objections et les oppositions comme des freins et des obstacles à combattre. Cette vision dramatiquement partielle et limitante des résistances contribue largement à bloquer les processus de changement. Ne cherchons plus à les éliminer mais employons-nous à les détecter et à mobiliser les forces cachées qu’elles représentent, ou encore à les utiliser pour qu’elles se transforment.


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