À l’attention des parents et des enseignants : repenser notre regard sur les élèves incompris

Trop d’élèves souffrent en silence, étiquetés comme « impertinents », « provocateurs » ou « hors cadre ». Pourtant, ces comportements ne surgissent pas de nulle part. Ils sont souvent le reflet d’un malaise profond, d’un sentiment d’injustice, d’un besoin d’être entendu.

Dans un système où la punition et la récompense règnent encore en maîtres, nous oublions parfois l’essentiel : un enfant n’apprend pas sous la contrainte, mais dans la relation. Lorsqu’un jeune sent qu’il n’a pas de place pour s’exprimer sans être jugé, lorsqu’il comprend que seul son rendement scolaire compte, comment pourrait-il ne pas se rebeller ou se replier sur lui-même ?

L’enseignant a une responsabilité immense : celle d’accompagner l’élève, non seulement sur le plan académique, mais aussi sur le plan humain. La bienveillance et l’écoute active ne sont pas des « options » pédagogiques, mais des nécessités. Un regard encourageant, une parole qui valorise, une posture d’ouverture peuvent désamorcer des conflits et redonner à un enfant le goût d’apprendre et de s’épanouir.

Aujourd’hui, trop d’enfants sont envoyés en consultation psy non pas parce qu’ils sont « malades », mais parce qu’ils se révoltent contre un système oppressant qui ne leur laisse aucun espace pour exister autrement que dans l’obéissance. L’école, au lieu de questionner ses propres pratiques, préfère souvent pathologiser ces élèves, les renvoyant vers des spécialistes comme s’ils étaient le problème. Mais l’enfant n’est pas le symptôme d’un dysfonctionnement individuel : il est souvent le révélateur d’un mal-être collectif, d’un système qui peine à accueillir la singularité et la détresse des jeunes.

Pris en étau entre la rigidité du cadre scolaire et l’écoute qu’ils souhaitent offrir à leur enfant, les parents se retrouvent eux aussi en difficulté. Entre la pression institutionnelle et la volonté de soutenir leur jeune, ils doivent sans cesse jongler entre injonctions éducatives parfois contradictoires. Cette tension complique la relation familiale et peut amener à des incompréhensions, renforçant encore le sentiment d’isolement de l’enfant et de ses proches.

Il est urgent de sortir des méthodes poussiéreuses qui opposent l’adulte et l’enfant dans une lutte de pouvoir stérile. L’autorité ne se décrète pas, elle se construit dans la relation de confiance. Car un enfant qui se sent respecté apprend à respecter.

Écoutons-les vraiment. Cherchons à comprendre ce qui se cache derrière leurs comportements. Remplaçons la sanction par la discussion, la peur par la confiance, l’intransigeance par l’accompagnement. C’est ainsi que l’on construit une école où chaque élève peut trouver sa place, sans crainte d’être pointé du doigt.


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